Guerre de Cent Ans |
Conflit qui opposa la France à l'Angleterre entre 1337 et 1453.
Sous la forme d'une succession de campagnes très circonscrites et entrecoupées de longues périodes de trêve, il prolongea le conflit qui avait opposé les Capétiens et les Plantagenêts au XIIIe siècle.
À son accession au trône de France, en 1328, Philippe VI de Valois (1328-1350) obtient avec de grandes difficultés l'hommage du roi Édouard III d'Angleterre (1327-1377) pour la Guyenne (Aquitaine). Petit-fils par sa mère de Philippe IV le Bel, Édouard III peut en effet revendiquer des droits sur le trône de France, même si les pairs de France lui ont préféré Philippe de Valois, prince plus expérimenté, qu'ils connaissent mieux et qui est "né du royaume". La rivalité franco-anglaise en Flandre et le soutien accordé par les Français à l'Écosse, que l'Angleterre veut soumettre, exacerbent le conflit. En 1336, Édouard III entre en rébellion. L'année suivante, Philippe VI prononce la confiscation de la Guyenne; Édouard III riposte en faisant porter son défi à Paris.
Guerre de 100 ans (1337-1360) |
Guerre de 100 ans (1380-1450) |
En 1338, Édouard III parvient à nouer aux Pays-Bas et en Allemagne de nombreuses alliances qui visent à encercler la France. Puis les défaites françaises se succèdent : après la victoire navale anglaise de l'Écluse (1340), le déclenchement de la guerre de succession de Bretagne (1341) permet à Édouard III de disposer d'un nouveau point d'appui sur le continent. Le 26 août 1346, Édouard III écrase les Français à Crécy, puis s'empare de Calais (août 1347).
Après une longue trêve pendant laquelle sévit la terrible épidémie de peste noire, le Prince Noir, héritier d'Angleterre, porte la guerre aux confins de la Guyenne, et ses chevauchées aboutissent à la défaite de Poitiers (19 septembre 1356)*, où le roi de France Jean II le Bon (1350-1364) est fait prisonnier.
Deux événements favorisent la reprise de la guerre : à partir de 1392, le roi de France Charles VI est atteint de folie, et le pouvoir devient l'enjeu du conflit entre son frère Louis d'Orléans et les ducs de Bourgogne; en 1413, un jeune roi plein d'ambition, Henri V de Lancastre (1413-1422) monte sur le trône d'Angleterre. En France, la guerre civile qui éclate en 1407 entre les Bourguignons et les Armagnacs, réunis autour de la famille d'Orléans après l'assassinat de Louis d'Orléans par des hommes de main du duc de Bourgogne (1407), permet à Henri V d'intervenir sur le continent : le 25 octobre 1415, il inflige à la chevalerie française l'écrasante défaite d'Azincourt avant de conquérir la Normandie (1417). Après l'assassinat à Montereau du duc de Bourgogne Jean sans Peur par un fidèle du dauphin, fils de Charles VI (1419), son fils Philippe le Bon pousse la reine Isabeau de Bavière à accepter le traité de Troyes (1420), qui reconnaît Henri V pour héritier du trône de France. La mort presque simultanée d'Henri V et de Charles VI (1422) fait d'Henri VI, un enfant de dix mois, le souverain unique des royaumes d'Angleterre et de France, tandis que le dauphin, réfugié à Bourges, se proclame roi sous le nom de Charles VII (1422-1461).
Sauf en Guyenne, l'occupation anglaise se heurte à l'hostilité de la population. Charles VII reprend l'offensive mais, battues à Verneuil-sur-Avre (1424), ses armées sont refoulées au sud de la Loire par le duc de Bedford, et les Anglais mettent le siège devant Orléans (1428). Alors que Charles VII, sans ressources, est au bord du découragement, une jeune paysanne, Jeanne d'Arc, se présente devant lui à Chinon et le convainc de lui fournir des armes pour lever le siège d'Orléans (mai 1429) et le faire sacrer à Reims (18 juillet). En consacrant la légitimité de Charles VII, sa chevauchée héroïque ébranle profondément la puissance anglaise. Mais le roi, qui veut ce réconcilier avec le duc de Bourgogne, n'entreprend rien pour la sauver lorsqu'elle est faite prisonnière à Compiègne (13 mai 1430) et brûlée vive par les Anglais à Rouen (30 mai 1431).
Par le traité d'Arras (1435), Philippe le Bon se rallie à Charles VII. Entouré d'un Conseil entièrement renouvelé où dominent les représentants de la bourgeoisie et de la petite noblesse (Jacques Coeur, Pierre de Brézé), le roi reprend aussitôt l'offensive : il prend Paris (1436), Montereau et Meaux (1437) et porte la guerre devant Bordeaux (1441). Ses grandes réformes administratives, financières et surtout militaires (création d'une armée permanente) portent leurs fruits : en un an (1449-1450), il reprend la Normandie, puis marche sur la Guyenne. Malgré l'appui que ses habitants apportent aux forces anglaises, la reconquête de la province est achevée en 1453 (bataille de Castillon).
Aucun traité ne sanctionne la fin du conflit. Occupée par la guerre des Deux-Roses, l'Angleterre, qui ne conserve que Calais, ne peut reprendre l'offensive. Quant à la France, elle doit désormais reconstruire ses institutions et son économie, presque entièrement ruinée. Si la première phase de la guerre a laissé peu de de cicatrices, la seconde phase a été marquée par des conflits acharnés : alors que nombre de villes et de châteaux sont détruits, les brigandages ont fait cesser le commerce, et des régions entières sont retournées à la friche (dans certaines régions, le sol n'a pu être cultivé pendant trente ans). Mais surtout, la guerre de Cent Ans, commencée comme une querelle féodale, s'achève comme une guerre nationale entre deux monarchies ennemies. L'échec de la chevalerie française à Azincourt signe ainsi le déclin de la société féodale.
(c) Editions Atlas 1999 |